Bien s’intégrer dans une entreprise suisse : 5 conseils pratiques pour les frontaliers

Si la Suisse offre de nombreuses opportunités aux travailleurs frontaliers, les différences culturelles, administratives et professionnelles peuvent parfois déstabiliser les nouveaux arrivants. Emmanuel Favrat, responsable formation et SIRH chez CA Next Bank, fort de ses 15 ans d’expérience en Suisse, partage ses conseils pour réussir au mieux son intégration !

1. Recrutement : comment bien se préparer pour décrocher un emploi en Suisse ?

La première étape pour intégrer une entreprise suisse est de bien comprendre les attentes des recruteurs suisses, souvent différentes de celles des employeurs français.

  • Un CV détaillé : contrairement à la France où le CV est souvent limité à une page, en Suisse, il est attendu qu’il soit plus détaillé, sur deux pages par exemple.L’expérience professionnelle y est particulièrement valorisée, parfois davantage que les diplômes. Il est donc crucial de bien expliquer chaque poste occupé, avec des résultats concrets par exemple.
  • Des références professionnelles : les recruteurs suisses apprécient que l’on mette à disposition des contacts de référence dans d’anciennes expériences professionnelles. Cela montre de la transparence, c’est un gage de sérieux et cela permet de légitimer la valeur de ses expériences.
  • Se renseigner sur le pays et le canton : montrer que l’on connaît les spécificités suisses, comme le fonctionnement du système de retraite (LPP, les piliers, etc.), ou des notions comme l’AVS, est un vrai plus lors d’un entretien. Cela démontre une préparation sérieuse et rassure le recruteur.
  • Attention aux détails : par exemple, ne mentionnez pas le « permis B », qui correspond en Suisse à un permis délivré aux ressortissants de l’Union européenne qui ont trouvé un emploi et qui souhaitent habiter en Suisse. Il n’est d’ailleurs pas très utile en Suisse de le mentionner, à moins que ce ne soit pertinent pour le poste. Dans ce cas, indiquez seulement “Permis voiture”.

 

Des différences culturelles à prendre en compte

  • Le droit du travail suisse, plus libéral
    L’une des premières surprises pour les frontaliers est souvent la flexibilité du droit du travail en Suisse. Le licenciement par exemple peut souvent être vécu comme un choc : il peut survenir brutalement, sans période de préavis prolongée comme en France. Cela peut être déstabilisant pour un nouvel arrivant.
  • La gestion du temps de travail
    Les entreprises et l’administration suisses attachent une grande importance à la saisie des heures travaillées. Chaque collaborateur doit enregistrer ses entrées et sorties, même dans des secteurs comme la banque. Cela permet un contrôle strict des horaires, avec des seuils précis pour les pauses, qui sont obligatoires et surveillées par l’inspection du travail :

    • 15 minutes après 5h30 de travail.
    • 30 minutes après 7h30 de travail.
    • 60 minutes après 9 heures de travail.
  • Moins de présentéisme
    Le bon côté des choses, c’est qu’en Suisse, le travail est souvent évalué sur l’efficacité plutôt que sur le temps passé. Une fois le travail accompli, il est socialement mieux accepté de partir, sans chercher à « rester tard » pour prouver son engagement. Cela diffère du présentéisme encore fréquent en France, même si bien sûr, cela peut dépendre des employeurs.

 

3. Quelques règles à connaître pour s’intégrer dans une entreprise suisse

  • Temps de travail et congés
    Le temps de travail en Suisse est généralement de 42 heures par semaine, soit plus qu’en France. Avec les temps de trajet, cela peut allonger considérablement les journées et impacter la vie personnelle.

    C’est un point à prendre en compte lorsque l’on devient frontalier. Une journée de travail, sur une semaine de 42 heures, dure en moyenne 8h24. Si l’on ajoute 2h à parfois 2h30 de transport, cela finit par faire des journées de près de 11h, ce qui peut ne pas être anodin, sur la vie personnelle ou de famille.

Entretien d'embauche
  • Les congés payés sont réglementés :
    Ils sont au minimum de 20 jours par an et il y a obligation de poser deux semaines consécutives une fois dans l’année, cela afin garantir un repos effectif.
    Des avantages supplémentaires sont souvent proposés par les entreprises, afin d’attirer et de fidéliser les talents. Par exemple, chez CA Next Bank, nous proposons 27 jours de congés dès l’embauche, avec une progression jusqu’à 32 jours après 15 ans d’ancienneté.
  • Maladie : l’échelle de Berne
    En cas de maladie, la Suisse applique ce qu’on appelle l’échelle de Berne, qui fixe la durée de maintien du salaire selon l’ancienneté. Par exemple, une personne en première année de service bénéficie de trois semaines de salaire complet, mais certaines entreprises peuvent aller au-delà.

 

4. Petits conseils pour une intégration réussie

  • Utiliser le vocabulaire suisse : il est assez bien vu d’adopter les expressions locales : « septante » au lieu de « soixante-dix », « huitante » au lieu de « quatre-vingts » et « nonante » au lieu de « quatre-vingts-dix » selon les cantons. Dans le canton de Vaud, on dira en effet huitante. Cela montre un effort d’intégration et suscite la sympathie des collègues.
  • Découvrir le pays : prenez le temps de visiter la Suisse, notamment le canton où l’on travaille. Cela vous permettra de mieux comprendre le pays, d’enrichir les échanges avec ses collègues et qui plus est, il y a beaucoup de choses à faire et à voir !
  • Éviter les comparaisons avec la France : Ramener chaque sujet à des comparaisons avec son pays d’origine, la France en l’occurrence, peut être mal perçu. Il vaut mieux s’intéresser aux spécificités suisses et éviter de toujours comparer avec ce qui se fait de l’autre côté de la frontière.

5. Les dispositifs pour accompagner les frontaliers

Et si vous voulez aller plus loin, quelques sites proposent des ressources intéressantes pour vous dans votre intégration comme par exemple le site de la CCIFS (Chambre de Commerce et d’Industrie France-Suisse), qui donne des conseils pratiques pour la vie professionnelle et administrative.