Économie suisse : des signaux d’ajustement, mais un contexte globalement stable pour les frontaliers

Dans un environnement économique mondial encore incertain, la Suisse adapte sa politique monétaire tout en affichant des fondamentaux solides. Pour les frontaliers, la conjoncture reste globalement favorable, même si quelques ajustements sont à prévoir sur les mois à venir.

Actualité
Budget
Témoignage
Arthur Scotti, chargé d'études économiques au Crédit Agricole

Retour sur les tendances économiques du moment avec Arthur Scotti, chargé d’études économiques au Crédit Agricole.

Taux directeur à 0 % : une décision mesurée de la Banque nationale suisse

La Banque nationale suisse (BNS) a récemment abaissé son taux directeur à 0 %, une décision qui reflète les défis économiques auxquels la Suisse est actuellement confrontée. Cette mesure, qui vise à contrer le renchérissement du franc suisse, s’inscrit dans un contexte économique mondial incertain et une conjoncture nationale en ralentissement.

Si la Suisse continue d’afficher une croissance, celle-ci est en léger ralentissement, avec des prévisions revues à la baisse, de +1,3 % en 2025 et sur +1,2 % en 2026. Ce ralentissement s’explique en grande partie par les tensions commerciales internationales et leurs répercussions sur l’économie mondiale, mais aussi l’incertitude autour des droits de douanes américains de l’administration Trump.

Une inflation sous contrôle, propice au pouvoir d’achat

L’inflation reste faible, avec des prévisions de 0,1 % pour 2025 et 0,5 % pour 2026. Celle-ci a même basculé en mai en territoire négatif (avant de se reprendre en juin), hors de l’objectif de la BNS de pilotage entre 0 et 2 %, ce qui explique également en partie la baisse des taux de cette dernière, afin de soutenir l’activité.

Cette faible inflation pourrait soutenir le pouvoir d’achat des ménages et ainsi, la demande intérieure devrait continuer à jouer un rôle stabilisateur, notamment grâce à l’activité de construction qui bénéficie de ces taux d’intérêt bas.

Emploi : un marché toujours porteur malgré quelques ajustements

Toujours très bas par rapport aux pays voisins, le marché du travail pourrait connaître quelques tensions, avec un taux de chômage prévu en hausse à 2,9% en 2025 et 3,2% en 2026. Cette situation reflète les défis auxquels font face certains secteurs, en particulier ceux orientés vers l’exportation.

 

Frontaliers : un cours de change toujours favorable 

Pour les travailleurs frontaliers, cette situation présente des défis particuliers. La force du franc suisse par rapport à l’euro leur est traditionnellement avantageuse pour eux, augmentant leur pouvoir d’achat.

Cependant, le ralentissement économique et la potentielle hausse du chômage pourraient fragiliser leur position sur le marché du travail suisse.

Concernant les perspectives du cours de change euro/franc suisse, la situation reste incertaine. Malgré les efforts de la BNS pour contenir l’appréciation du franc, les pressions à la hausse persistent en raison du statut de valeur refuge de la monnaie helvétique. Ce dernier devrait donc rester autour de 0,92/0,96 CHF pour un euro dans les prochains mois, avec une tendance à l’appréciation du franc suisse si les incertitudes économiques mondiales s’accentuent (hors nouvelle intervention de la BNS). En outre, le pari d’un retour aux cours négatifs est plus que jamais d’actualité en Suisse !