
Fiche d’identité : Ophélie, 27 ans
- Profession : Opératrice en emboitage
- Travaille à : La Chaux-de-Fonds dans le secteur de l’horlogerie
- Habite à : Saint-Julien-Lès-Russey (25)
- Frontalière depuis : 6 ans
Comment avez-vous trouvé votre emploi ?
J’étais motivée par l’idée de travailler en Suisse. J’ai d’abord décroché un emploi équivalent à celui que j’avais en France dans la vente en boulangerie.
Plus tard, j’ai vu une offre d’emploi intéressante dans le secteur de l’horlogerie qui était proposée par une agence d’intérim suisse, à laquelle j’ai postulé.
Pour valoriser mon profil, j’ai mis en avant deux éléments. D’abord, j’ai précisé que j’avais la double nationalité parce que je savais que les employeurs suisses peuvent être acquittés des démarches de formalisation du permis de travail.
Ensuite, j’ai bien mis en avant mon adresse. C’est important pour les recruteurs de s’assurer que les frontaliers ne vivent pas trop loin de leur futur lieu de travail et qu’ils n’auront pas de problème de déplacements.
Finalement, après un essai et 4 mois d’intérim, on m’a proposé un poste en CDI.
Y a-t-il beaucoup de frontaliers dans votre entreprise ?
Oui, énormément. Dans mon atelier, nous sommes 48 employés et il doit y avoir une quinzaine de résidents suisses seulement. Nous sommes majoritairement des frontaliers.

Comment s’est passé votre recrutement ? Est-ce qu’il y a des choses qui sont spécifiques à la Suisse ou qui vous ont surpris ?
Globalement, j’ai trouvé le parcours de recrutement plus long en Suisse qu’en France. J’ai passé beaucoup d’entretiens : un premier entretien téléphonique, un entretien RH puis un entretien avec le responsable de mon atelier avant de faire un essai. En France, le même recrutement aurait sans doute été moins protocolaire.
Pour mon intégration dans l’entreprise, je n’ai pas eu l’impression d’être traitée différemment que mes collègues suisses. Je dirais que mon intégration s’est très bien passée.
Comment se passent les relations entre collègues en Suisse ?
Je trouve les relations un peu plus formelles qu’en France. En Suisse, il n’est pas forcément question de tisser des liens amicaux avec ses collègues. Les relations se limitent au cadre professionnel. Dans mes expériences professionnelles en France, les relations me semblaient un peu plus ouvertes.
Horaire, rythme de travail : en quoi les conditions de travail sont différentes en Suisse ?
On a des contrats de 40 heures voire plus dans certains corps de métiers. On travaille aussi en “rattrapage” pour compenser les jours fériés par exemple. Il faut le savoir avant de vouloir travailler en Suisse.
Les conditions de travail sont également propres à chaque entreprise (temps de travail effectif, flexibilité des plages horaires, temps de pause). Il faut donc bien se renseigner en amont.
Et en termes de management, est-ce que vous avez l’impression que c’est différent en Suisse ?
C’est bien connu : les Suisses aiment la performance, ils surveillent les chiffres, il faut que ça tourne. Alors dans la relation avec le manager, je dirais qu’on est plus suivis. Moi par exemple, j’ai une évaluation tous les 3 mois. Je pense qu’en France, on a moins de pression de ce côté-là.
C’est un peu plus stressant parce que la sécurité de l’emploi est moins importante puisque le CDI n’a pas la même valeur protectrice qu’en France.
Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, le manager n’hésite pas à agir en conséquence. C’est une certaine pression qu’il faut pouvoir supporter.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut trouver un emploi en Suisse ?
Dans un premier temps, bien se renseigner sur l’ensemble des démarches administratives. Une fois qu’on est dans le système, tout se passe bien mais il ne faut pas louper le coche au démarrage. Il y a beaucoup de choses à savoir et les Suisses sont intransigeants avec la rigueur administrative.
Ensuite, ne pas hésiter à se tourner vers les agences d’intérim pour décrocher un emploi. Je pense que les recruteurs sont parfois réfractaires à étudier les CV français et les agences d’intérim se positionnent en intermédiaire pour valoriser nos profils et pour convaincre les recruteurs de nous laisser notre chance. Ce sont de bons partenaires pour mettre un premier pied dans le monde du travail suisse.
Un grand merci à Ophélie d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et d’avoir partagé son expérience.