Le dictionnaire franco-suisse illustré : partie 4

Bien que les Français et les Suisses romands soient des voisins partageant une même langue, il arrive que le frontalier se trouve perplexe face à quelques helvétismes prononcés par des collègues ou amis suisses.
Décryptons certains de ces mots typiquement suisses.

Quotidien
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Si votre chef trouve que votre bureau est en cheni, il fait référence au désordre qu’il y règne.

Parfois prononcé ch’ni, ce mot couramment utilisé en Suisse proviendrait du terme français chenil, qui signifiait logement sale au XVIIe siècle. Le mot chenil est un dérivé du latin canile (niche).1

Certaines régions françaises utilisent également le mot cheni. Il est par exemple synonyme de poussière en Franche-Comté.

 

En France, lorsque vous avez besoin de liquide, vous allez retirer de l’argent à un distributeur. En Suisse, vous utiliserez un Bancomat.

Le Distributeur Automatique de Billets (DAB) porte en Suisse un nom dérivé d’une marque italienne, le Consorzio Bancomat qui est l’un des circuits italiens pour le retrait d’espèces le plus connu. Le terme Bancomat est ainsi utilisé en Suisse, en Italie et dans la Principauté du Liechtenstein. Les Belges, quant à eux, font référence à un bancontact ou mistercash.

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Mais qu’est-il arrivé au père Noël ? Il est tombé, parce qu’il s’est encoublé vous diront les Suisses, là où en France on utiliserait le mot trébucher.

En Suisse, le verbe s’encoubler signifie se prendre les pieds dans quelque chose qui traîne par terre. Il provient du mot « encouble » (chose qui dérange, qui importune, obstacle), lui-même dérivé de « couble », qui désigne la fascine de gros bois servant de frein au traîneau (du père Noël ?).

On pourrait penser que trébucher possède une étymologie similaire, rapport à la bûche sur laquelle on se prendrait les pieds, mais il n’en est rien. Le mot provient de l’ancien français « buc », le tronc humain ou torse. Il signifie littéralement faire dévier le corps de sa trajectoire naturelle.

Entre Français et Suisses, le nom des repas peut mener à des quiproquos. En effet, si vos amis suisses vous invitent pour le dîner, vous serez attendus pour midi et non pour le repas du soir, qu’ils appellent souper (ce qui n’implique pas nécessairement une soupe au menu). Pour eux, le déjeuner fait référence au petit-déjeuner.

Etymologiquement, les Suisses sont dans le juste, puisque le mot déjeuner signifie « arrêt du jeûne » et désigne donc le premier repas de la journée. D’ailleurs, en France, les même termes étaient d’usage à une époque, mais il y a eu un glissement au fil du temps.

Au-delà du potentiel malentendu lié au mot utilisé pour désigner le repas, n’hésitez pas à vous faire préciser l’heure pour laquelle vous êtes attendu, car les Suisses ont tendance à manger plus tôt et il n’est pas rare que certains commencent à souper dès 18h30 !

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