Retrouvez tous les faits marquants de notre étude menée auprès de de 1 000 individus interrogés, résidant en France, travaillant en Suisse et répartis sur les territoires frontaliers.
L’enquête socio-économique a été réalisée entre le 2 février et le 22 février 2022, par téléphone et selon la méthode de quotas, par un institut de sondage indépendant (IPSOS).
Les caisses régionales du Crédit Agricole des Savoie, de Centre-Est, d’Alsace-Vosges et de Franche Comté, avec le Groupement Transfrontalier Européen ont présenté ce matin le 3ème Observatoire des Frontaliers.
Cette enquête menée par l’institut IPSOS auprès de mille frontaliers comprend soixante-dix questions axées sur leurs préoccupations quotidiennes : emploi, entreprise, salaire, change, épargne, consommation, logement, transport.
Le Crédit Agricole, a créé cette première étude sur le comportement sociétal du frontalier en 2015, avec le Groupement Transfrontalier Européen. Une mise à jour a été réalisée en 2018 pour la publication de la seconde édition, et aujourd’hui le 3ème observatoire des frontaliers représente la seule étude officielle publiée sur le territoire frontalier.
Le sondage mené par l’institut IPSOS auprès d’une population de 1000 frontaliers (dont 200 ne sont pas clients du Crédit Agricole) travaillant dans les différents cantons suisses limitrophes de la France, résidents en France, permet à la première banque des frontaliers et au GTE de disposer d’un échantillon le plus représentatif possible, pour répondre au mieux aux évolutions de ses besoins.
Au-delà des informations personnelles recueillies, cet observatoire bénéficie de l’historique des deux études antérieures (en 2015 et 2018) et présente l’avantage de pouvoir comparer l’évolution des comportements de cette population atypique en Europe, qui travaille en territoire étranger et qui se trouve confrontée à la gestion d‘une devise étrangère.
Au premier trimestre 2022, les frontaliers étaient 365 437
Le poids du frontalier dans l’économie suisse est réel, en vingt ans le nombre de travailleurs a plus que doublé (341 000 en 2020 contre 163 000 en 2002), en 2021, 55 % des frontaliers provenaient de France (199 900 personnes). Il représenterait 20 % du PIB aujourd’hui, contre 16 % en 2016, selon l’étude de l’OFS et de la statistique des frontaliers (STAF).
L’observatoire brosse ainsi le portrait type du frontalier âgé d’au moins 40 ans, majoritairement masculin à 69 %, CSP+ à 44 %, marié avec un enfant. Il est propriétaire (à 78 %) de son logement (maison 66 %) acquise grâce à un prêt bancaire en franc suisse (43 %) plutôt qu’en euro (39 %) décroché dans une banque française (94 %). Il consomme peu en Suisse (alimentation et loisirs), dépense en euro (89 %) et épargne plus en euro qu’en franc suisse dans ses banques françaises et suisses qu’il gère régulièrement par Internet (virement de 60 % de son salaire en France, consultation du compte au moins une fois par semaine via une application mobile à 46 %). Le frontalier travaille majoritairement à Genève (2 frontaliers sur 4), et dans le canton de Vaud (17 %), dans le secteur privé : la santé (13 %), l’horlogerie (12 %) et la construction (11 %), suivent le commerce (9 %), les services financiers (5 %). Deux frontaliers sur trois travaillent depuis plus de dix ans en Suisse, au bénéfice d’un contrat CDI (92 %) dans des entreprises de plus de 50 salariés (70 %). Les salaires sont compris entre 35k CHF et 150k CHF/an.
Pour le seul canton de Genève, en 2020, les frontaliers et suisses de France voisine ont cumulé près de 10 milliards de francs suisses en salaires, selon les chiffres de l’Office Cantonal de la Statistique. Les impôts sur ces salaires profitent pour deux tiers au Canton, le reste aux collectivités de l’Ain et de la Haute-Savoie, en vertu de l’accord franco-suisse de 1973 sur les fonds frontaliers reversés aux départements français pour financer une partie des aménagements publics liés à la croissance de la population, notamment les infrastructures routières, passés de 315 millions de francs suisses en 2020 à 326 millions de francs suisses en 2021.
Le salaire élevé, la proximité de son lieu de résidence, la qualité de vie et la possibilité d’évoluer professionnellement motivent ce travailleur français qui passe en moyenne 45 minutes de son temps dans des transports (45 % d’entre eux contre 30 % en 2015). Un temps passé à consulter les réseaux sociaux (Facebook 51 %, Instagram 23 %).
Les temps et les distances de trajet sont rallongées, par manque d’infrastructures publiques. La voiture est toujours nécessaire pour quitter le domicile, même si le frontalier est volontaire au covoiturage (45 %) et au transport plus écologique (70 %). 51 % travaillent à plus de 30km de leur domicile, 46 % n’empruntent pas l’autoroute pour autant.
Au siège du Crédit Agricole des Savoie à Annecy, et en direct sur Teams suivie par une vingtaine de journalistes des départements de l’Est de la France et de la Suisse, plusieurs tables rondes ont été animées ce matin par les représentants des différentes caisses régionales et du GTE, et par le Docteur Claudio Bolzman, professeur honoraire et chercheur en sociologie à la Haute Ecole spécialisée de suisse occidentale (HES-SO), pour présenter et analyser les résultats de cette étude.