Assurance vie ou 3ème pilier : bien comprendre pour bien construire sa retraite

Tous les frontaliers désirant se construire un complément de retraite individuel ont la possibilité, en plus de l’assurance vie en France, de contracter un 3ème pilier en Suisse. On vous explique les principales différences entre ces deux solutions d’épargne retraite.

Retraite
Epargne
couple regardant une tablette

Assurance vie et 3ème pilier : ce qu’il faut savoir

Le 3ème pilier fait partie du système de prévoyance suisse. Il constitue une prévoyance privée et facultative qui complète les prestations qu’offrent les 1er et 2ème piliers. “C’est une épargne volontaire et individuelle qui se conçoit à long terme pour assurer un complément de revenus à votre retraite”, détaille Mélissa Ezanic, Chargée d’animation Banque Privée au Crédit Agricole des Savoie. Il existe deux types de 3ème pilier, le 3ème pilier A dont il sera question dans ce dossier, et le 3ème pilier B, qui offre une plus grande flexibilité mais aucun avantage fiscal particulier.

L’assurance vie est une solution de placement sur le long terme, pour une durée supérieure à 8 ans, dans laquelle les fonds peuvent être diversifiés. Il n’y a pas de notion de blocage : vous pouvez verser ou retirer comme vous le souhaitez (les montants minimums dépendent des compagnies d’assurance et des contrats). “On parle d’un placement « projet » : l’assurance vie peut être utilisé pour des projets comme des travaux futurs, de la transmission, un apport pour une acquisition etc.”

Assurance vie ou 3ème pilier : les différences fondamentales entre les deux systèmes

Flexibilité pour la récupération des fonds
Finalité
Clause bénéficiaire
Déduction fiscale sur les fonds versés
Assurance vie

Totale

Une plus grande ouverture pour des projets de vie

Libre

Non

3ème pilier A

Bloquée jusqu’à la retraite sauf cas particuliers (voir plus bas)

Principalement la préparation de la retraite

Contrainte

Oui, sous condition de statut de quasi-résident pour les frontaliers

La clause bénéficiaire en détail

La clause bénéficiaire de l’assurance vie est libre : les personnes désignées peuvent être la famille, les amis, une association etc. On peut également mettre des quotes-parts sur les bénéficiaires des capitaux.

Le 3ème pilier a quant à lui également une clause bénéficiaire mais il y a un ordre désigné et non dérogeable : le conjoint survivant, puis les descendants directs, puis les parents/frères-sœurs et enfin les autres désignés. Il n’y a pas enfin pas de notion de pourcentage que l’on souhaite transmettre à untel et à un autre.

Le 3ème pilier A en détail : à quoi donne-t-il droit ?

Le 3ème pilier A offre de nombreuses possibilités selon les objectifs, attentes, capacité d’épargne, situation actuelle ou future, ainsi que la situation fiscale.

Il permet d’abord d’épargner au fur et à mesure de sa carrière et de se créer un capital au moment du départ à la retraite. Il peut aussi servir à la construction d’un capital pour des projets précis, comme l’achat de la résidence principale ou le lancement d’une activité, voire amortir un prêt hypothécaire ou financer les travaux de la résidence principale. Il peut également permettre de prendre la retraite par anticipation.

Il permet ensuite de se constituer un capital pour protéger sa famille en cas de décès ou d’invalidité et assurer une rente en cas d’incapacité de gain. Il peut en parallèle permettre de générer un capital additionnel à la retraite.

Il donne enfin accès à des avantages fiscaux dès la première cotisation, pendant toute la période de cotisation et également lors des retraits des avoirs. Les cotisations sont déductibles du revenu imposable, le capital et les intérêts sont exonérés de l’impôt anticipé, à l’échéance ou lors d’un retrait anticipé l’impôt prélevé est à un taux réduit. Sous réserve d’avoir le statut de quasi-résident.

« Attention cependant, ces avantages sont désormais, pour les frontaliers conditionnés au statut de quasi-résident, qui n’est pas facile à obtenir. Le 3e pilier A n’est en effet plus défiscalisé depuis le 1er janvier 2021 pour les frontaliers sauf pour ceux travaillant dans le Canton de Genève et disposant de ce statut. » précise Mélissa Ezanic.

3ème pilier A : les avantages

  • La création d’un capital-retraite
  • Une sortie en capital uniquement (positif en fonction des projets de retraite)
  • Un capital transmis à la famille en cas de décès avant la retraite
  • Une déduction fiscale éventuelle à hauteur de 7 056 CHF sur les revenus de source suisse (sous réserve du statut de quasi-résident)
  • La possibilité de diversifier les fonds à l’intérieur de l’enveloppe

3ème pilier A : les inconvénients 

  • Le 3ème pilier est lié à votre date d’entrée en retraite. Légalement, il peut être retiré à plus ou moins 5 ans de cette date. Un retrait anticipé peut cependant avoir lieu dans les cas suivants :
    • Achat d’une résidence principale,
    • Lancement d’une activité ou changement d’activité indépendante,
    • Départ définitif de la Suisse,
    • Tout autre évènement prévu par la réglementation suisse.
  • Sortie en capital en une seule fois lors du départ à la retraite
  • Les éventuelles complexités administratives entre les deux pays

L’intérêt de l’assurance vie par rapport au 3ème pilier suisse

Pour Mélissa Ezanic, “il est important de noter que l’assurance vie n’ouvre aucun droit à la retraite. C’est une épargne de long terme qui peut être utilisée lors de la retraite ou pour sa préparation mais elle n’apporte pas de droit particulier.”

L’assurance vie permet d’épargner, sur un horizon de placement supérieur à 8 ans. Elle offre de la flexibilité, quant à l’utilisation des fonds, sur les bénéficiaires du contrat, et sur la périodicité de récupération des montants placés. “Mais attention à la fiscalité : elle dépend de l’âge du contrat, de la date des versements, du montant racheté et des intérêts retirés”.

Le dénouement d’une assurance vie : plus flexible que le 3ème pilier

L’assurance vie peut être dénouée à tout moment en faisant ce que l’on appelle des « rachats », de manière partiels ou totaux, programmés ou libres.

“ Il y a une grande flexibilité sur ce placement”, explique Mélissa Ezanic, “ car nous décidons du moment, du montant, de la périodicité si c’est un rachat programmé (ndr : cela dépend des conditions contractuelles et des assureurs). Il n’y a donc pas besoin de faire valoir ses droits à la retraite pour récupérer son épargne. On peut donc se créer sa rente et choisir son montant suivant ses besoins et ses moments de vie, ou bien tout retirer si nous en avons besoin intégralement.”

Paroles d'expert

Portrait de Mélissa Ezanic
Mélissa Ezanic
Chargée animation Banque Privée au Crédit Agricole des Savoie

Paroles d'expert

“Si l’idée est de pouvoir récupérer ses fonds, l’assurance vie est sans aucun doute la solution la plus souple et la plus adaptée !”.

La transmission en cas de décès

Les abattements permis par l’assurance vie en cas de décès constituent un autre avantage spécifique de l’assurance vie face au 3ème pilier A.

Les abattements permis par l’assurance vie en cas de décès

Avant le 20.11.1991
Après le 20.11.1991
Primes versées avant le 13.10.1998
Avant les 70 ans du souscripteur

Pas de taxation

Pas de taxation

Primes versées avant le 13.10.1998
Après les 70 ans du souscripteur

Pas de taxation

Droits de succession dus sur la fraction des primes excédant 30 500€

Primes versées après le 13.10.1998
Avant les 70 ans du souscripteur

Application d’un abattement de 152 500€

Taxation de 20 % jusqu’à 700 000 € et 21,25 % au -delà

Application d’un abattement de 152.500€

Taxation de 20 % jusqu’à 700.000€ et 31,25 % au-delà

Primes versées après le 13.10.1998
Après les 70 ans du souscripteur

Application d’un abattement de 152 500€

Taxation de 20 % jusqu’à 700.000€ et 21,25 % au -delà

Droits de succession dus sur la fraction des primes excédant 30 500€

Est-ce qu’il y a un système plus rentable que l’autre ?

Pour Mélissa Ezanic, il est difficile d’être catégorique sur la question de la rentabilité.  “Tout dépend des supports sur lesquels vous aurez investi. Les deux ne sont pas à opposer car vous serez sur deux marchés différents, des secteurs différents. La différence notable serait la présence du fonds euros sur l’assurance vie qui est un fonds très prudent. C’est un placement dit « de bon père de famille », garanti. Après aussi bien l’un que l’autre vous permettront d’aller sur des supports exposés sur les marchés financiers.”

Comment choisir ? Les questions à se poser avant d’aller voir un conseiller :

  • Souhaitez-vous épargner pour la retraite ou à plus court/moyen terme ?

  • Quel est votre niveau d’acceptation du risque ?

  • Est-ce pour la retraite ou un projet personnel ?

  • Etes-vous éligible ?

  • Qui sont vos bénéficiaires ? Votre conjoint, la famille ou d’autres personnes ?

  • Préférez-vous une rente que l’on choisit à son rythme ou le retrait du capital en une fois ?

Le Crédit Agricole et les frontaliers

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